Avant la place Saint-Lambert

Au début du Moyen Âge, le site de l’actuelle place Saint-Lambert est occupé par une bourgade mérovingienne, construite en partie sur les ruines d’une ancienne villa romaine. Le sol fertile, le long de la Légia*, est exploité par une petite population rurale. Un oratoire**, près des chaumières, atteste de la christianisation des lieux.

* Ce ruisseau est aujourd’hui canalisé et souterrain. À l’époque évoquée, il dévalait d’Ans en suivant approximativement le tracé des actuelles rues Sainte-Marguerite, de l’Académie et de Bruxelles, puis se divisait en différents bras avant de se jeter dans la Meuse.
** Cet oratoire dédié aux saints Cosme et Damien, la légende en attribue la construction à Monulphe, évêque du diocèse Tongres-Maastricht dans la seconde moitié du VIe siècle.

 

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Ci-dessus, le « leudicus vicus » (le « village public » de Liège), tel qu’imaginé dans la bande dessinée « Pays de Liège, vie d’une Église » (DUSART/VINK, ISCP-CDD, Lg 1984).

Ci-dessous, le tracé de la Légia (en bleu) reproduit par Christian Hauglustaine sur un plan de 1770 (cliquez dessus pour l’agrandir dans une nouvelle fenêtre) :

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Au début du VIIIe siècle, le diocèse de Tongres-Maastricht est dirigé par l’évêque Lambert. Quand celui-ci se déplace dans nos régions, il aime s’arrêter dans l’humble bourgade liégeoise pour prier et se reposer. Et c’est là qu’il est assassiné, avec son entourage, par les hommes d’armes de Dodon, haut fonctionnaire de l’État franc et membre d’un clan rival. La date habituellement retenue pour ce drame est le 17 septembre 705.

 

assassinat lambert.jpgLe martyre de saint Lambert représenté sur un panneau peint du XVe siècle.

Ci-dessous, la même scène sur une miniature du XIIIe :

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La tradition rapporte que le premier réflexe de Lambert est un réflexe de guerrier : il s’empare d’un glaive, prêt à défendre chèrement sa peau. Puis il jette son arme, renonçant à tuer, et se retire dans la chapelle. Un des agresseurs grimpe sur le toit, arrache le revêtement, aperçoit l’évêque en prière et le frappe d’un coup de javelot.

Lambert est d’abord inhumé à Maastricht, mais le lieu de son supplice attire les pèlerins, et on parle même de guérisons miraculeuses !

  L’évêque Hubert (705-727) fait bâtir à Liège un sanctuaire où sont transférées, vers 718, les reliques de son prédécesseur. Le culte voué au martyr prend tellement d’ampleur que la bourgade se transforme rapidement en une importante agglomération urbaine, qui finit par devenir le siège du diocèse en remplacement de Maastricht.

L’édifice religieux dédié à saint Lambert, desservi par un chapitre de chanoines, prend de l’ampleur et le rang de cathédrale. Incendié en 881 (ou 882) par les pillards normands, il est rapidement reconstruit, mais il ne retrouve pas son importance d’avant. L’évêque Éracle (959-971) envisage même d’installer, sur la colline du Publémont, son palais épiscopal et une nouvelle cathédrale dédiée à saint Lambert*.

* Ce projet n’aboutira pas. L’église dont il initie la construction sur le Publémont, en 965, ne deviendra pas la cathédrale de Liège, mais la basilique Saint-Martin.

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La photo ci-dessus représente les géants qui accompagnent Tchantchès et Nanesse lors des festivités du 15 août en Outremeuse. En font partie les évêques Lambert et Notger.

 

Placé sur le trône de saint Lambert par Otton Ier (empereur germanique de 962 à 973), l’évêque Notger (972-1008) reçoit une double mission : rétablir l’ordre à l’intérieur du diocèse de Liège, menacé par des seigneurs locaux, et se protéger des attaques extérieures.

Otton II (973-983) accorde à Notger un privilège d’immunité générale qui fait de l’évêque le seul et unique maître de ses terres et de ses possessions. Liège n’est plus seulement la capitale d’un diocèse, mais aussi celle d’un État, une principauté épiscopale qui reste certes vassale du Saint-Empire, mais que le prince-évêque peut gérer en toute indépendance vu les pouvoirs temporels dont il dispose.

Enrichi par les dons des souverains germaniques, Notger se lance dans un vaste programme de construction qui va remanier complètement la physionomie de Liège. Il fait construire ou achever plusieurs collégiales : Saint-Paul et Saint-Martin (commencées sous son prédécesseur Éracle), Sainte-Croix, Saint-Jean-l’Évangéliste, Saint-Denis ; et dote la cité d’une enceinte fortifiée.

À l’emplacement de l’actuelle place Saint-Lambert, il fait construire un palais épiscopal et une cathédrale dignes du nouveau statut de la cité.

 

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La vignette de BD ci-dessus est extraite de l’album « Les aventures du pays de Liège de Notger à nos jours » (textes de Michel DUSART, dessins d’EMJY), édité par Casterman en 1980 à l’initiative de la CGER et de l’ASBL Millénaire de la principauté de Liège. Le prince-évêque Notger montre le chantier de la cathédrale au tout jeune empereur Otton III (le pronom « il » qu’il utilise dans la première phrase désigne le palais épiscopal qu’il a fait construire à côté de l’église).

 La cathédrale est dédiée à Notre-Dame et Saint-Lambert. Notger lui adjoint, accolée au côté sud, une église paroissiale baptistère appelée Notre-Dame aux Fonts.

 

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Ci-dessus, une reconstitution de la cathédrale ottonienne de Notger, maquette réalisée par Pascal Mornac et exposée dans l’Archéoforum de Liège.

  
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La maquette ci-dessus a été réalisée par Gustave Ruhl-Hauzeur (1856-1929). Elle présente les bâtiments du culte, mais aussi le cloître où séjourne la communauté des chanoines qui assistent l’évêque dans l’administration du diocèse.

 

Dans la nuit du 28 au 29 avril 1185, un incendie se déclare dans l’une des maisons accolées au cloître*. Il se propage rapidement et dévaste le cœur historique de la cité, détruisant une grande partie du complexe religieux et endommageant même le palais. On raconte que les flammes ont fait rage pendant treize jours.

* C’est la version de Gilles d’Orval, moine cistercien de l’abbaye d’Orval, connu au XIIIe siècle pour sa Gesta episcoporum Leodiensium (Histoire des évêques de Liège). Le chroniqueur liégeois Jean d’Outremeuse parle, lui, de l’imprudence d’un sonneur de cloches, qui a quitté son poste sans éteindre le foyer qui le réchauffait.

  Place Saint-Lambert, sur le mur à droite de l’Archéoforum, figure une ligne du temps résumant les grandes périodes de la cathédrale :

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La reconstruction de la cathédrale débute immédiatement après l’incendie, en utilisant une grande partie des fondations antérieures. On procède d’abord à des réparations d’urgence, suffisantes pour que l’archevêque de Cologne, en 1189, se déplace pour venir consacrer la partie restaurée du temple. En 1197, les reliques de saint Lambert, mises à l’abri lors de l’incendie (dans la collégiale Saint-Barthélemy), réintègrent les lieux.

  Puis le chantier colossal va durer près de deux siècles et demi, pour en arriver, au milieu du XVe siècle, à une splendeur de l’art gothique, comparable en dimensions à Notre-Dame de Paris. En 1468, le sac de la ville ordonné par le duc de Bourgogne Charles le Téméraire n’affectera guère le monument au niveau architectural.

 

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Exposée au musée du Grand Curtius, la reconstitution ci-dessus a été réalisée par Joseph de la Croix à la fin des années 1970 ; elle montre la cathédrale Notre Dame et Saint-Lambert à la fin du XVIIIe siècle.

  Les tours jumelées, situées à l’ouest, datent du milieu du XIIIe siècle ; elles ont été appelées les tours de sable parce qu’elles ont été bâties en tuffeau, pierres jaunâtres extraites dans les environs de Maastricht.

La grande tour (à l’emplacement de l’actuel espace Tivoli) a été terminée dans la troisième décennie du XVe siècle. Elle culmine à 135 mètres, à la même altitude que la colline de Sainte-Walburge. Sa flèche a été couverte de plomb doré au XVIe siècle.

On remarque, au pied de la grande tour, le long du flanc sud de la nef, l’église baptistère Notre-Dame aux Fonts.

Tout ce complexe religieux couvrait les actuels place Saint-Lambert et espace Tivoli, que l’on voit ci-dessous en 2008, dans le même sens que la reconstitution qui précède. Les pylônes métalliques symbolisent les colonnes intérieures de l’ancienne cathédrale :
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Pour mieux comprendre la configuration des lieux avant que la place Saint-Lambert n’existe, voici un plan de 1785, puis un dessin de Camille Bourgault présentant la situation en 1770 (cliquer sur ce dessin permet de l’agrandir dans une nouvelle fenêtre) :

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L’eau-forte coloriée ci-dessus, due à Johann Bergmuller en1734, propose une vision quelque peu fantaisiste de la cathédrale proche du palais des princes-évêques. Ci-dessous, le même endroit en 2005 :

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La cathédrale Notre Dame et Saint-Lambert en 1735, représentée par Remacle Le Loup dans « Les délices du Païs de Liège », telle qu’on la voyait depuis le palais des princes-évêques. C’est le même flanc nord que l’on retrouve dans la photo suivante, qui montre la maquette de bronze exposée dans la cour de l’hôtel Somzé, en Féronstrée (davantage de renseignements sur le site officiel de Liège) :

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À nouveau le flanc nord de la cathédrale à la fin du XVIIIe siècle (lithographie imprimée en 1850 par Cremetti d’après un dessin antérieur de Jean Deneumoulin). À l’avant-plan, on aperçoit la place du Vieux Marché, esplanade qui complétait la place du Marché dans sa vocation marchande, la plupart des immeubles servant au commerce. Remarquez à gauche la passerelle qui permettait au prince-évêque de se rendre de son palais à sa cathédrale. Ci-dessous, le même endroit de nos jours :

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Ci-dessus, la cathédrale Notre-Dame et Saint-Lambert vue depuis la place du Marché, à la fin du XVIIIe siècle (œuvre du peintre et dessinateur néerlandais Jan de Beyer). Ci-dessous, vus depuis le perron de l’hôtel de ville, les actuels place Saint-Lambert et espace Tivoli, à l’emplacement de l’ancienne cathédrale :

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La révolution liégeoise

À la fin du XVIIIe siècle, les Liégeois se sont attachés aux idées des philosophes qui, en France, critiquent l’ancien régime et demandent des réformes. Les idées nouvelles de liberté, égalité, fraternité, trouvent des adeptes de plus en plus nombreux.

 Esprit émancipé, le prince-évêque François Charles de Velbruck comprend son époque et les aspirations de son peuple. Il veut l’égalité de tous devant l’impôt et se montre partisan du principe de la souveraineté nationale. Il s’avère aussi un grand protecteur des arts et des sciences.

Mais à ce prince éclairé, succède, en 1784, César Constantin François de Hoensbroeck, autoritaire, têtu, qui gouverne en s’appuyant uniquement sur le parti aristocratique. La situation de paysans et des ouvriers n’est guère enviable, les grèves et les rassemblements se multiplient ; le chômage et la mendicité sévissent. Bref, le peuple réclame plus de justice sociale.

Le 14 juillet 1789, les Parisiens s’emparent de la Bastille. Le 4 août, l’assemblée nationale française supprime tous les privilèges et proclame la déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Ces événements suscitent l’enthousiasme au pays de Liège, surtout dans la capitale, où le peuple envahit le 18 août l’hôtel de ville pour proclamer Fabry et Chestret comme bourgmestres populaires. Dans l’après-midi, le prince-évêque Hoensbroeck, ramené de son château de Seraing par la foule, feint de céder, mais le lendemain, il s’enfuit et appelle à l’aide les princes allemands contre ses sujets rebelles.

Le 30 novembre 1790, des troupes, en majorité prussiennes, occupent la citadelle, et le 12 janvier suivant, l’armée de l’empire germanique entre à Liège, obligeant les patriotes les plus en vue à émigrer en France. Le retour de Hoensbroeck se manifeste par de multiples représailles.

Le 22 septembre 1792, la république est proclamée en France. Notre grande voisine, à ce moment, est en guerre, car les souverains étrangers veulent y rétablir la monarchie. Le conflit se déroule en partie sur notre sol. Le 6 novembre 1792, le général français Dumouriez inflige à Jemappes une lourde défaite aux Autrichiens ; quelques jours plus tard, il entre à Liège au milieu de l’enthousiasme populaire.

Les patriotes exilés rentrent avec l’armée française, tandis que le prince-évêque François Antoine Marie de Méan prend la fuite (Hoensbroeck est décédé quatre mois plus tôt). Une assemblée nationale liégeoise, élue par les citoyens, décide en février 1793 le rattachement de la principauté de Liège à la France.

 

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Les trois derniers princes-évêque de Liège : Velbruck, Hoensbroeck et Méan.


Quelques jours plus tard, les armées françaises subissent un échec, et les Autrichiens réoccupent Liège, ramenant l’ancien régime et le prince-évêque. Restauration de courte durée, car le 26 juin 1794, les troupes républicaines de Jean-Baptiste Jourdan remportent la victoire de Fleurus. Les Autrichiens évacuent le 27 juillet.

 Le 1er octobre 1795, la principauté de Liège (ainsi d’ailleurs que le reste de la Belgique) est réunie à la république française. Liège devient le chef-lieu du département de l’Ourthe.

 

La démolition de la cathédrale Notre-Dame et Saint-Lambert

  Dans le contexte de la révolution liégeoise, il est décidé, dès fevrier 1793, de détruire cet édifice qui symbolise l’arrogance autoritaire de l’ancien régime. Mais un mois plus tard, la victoire autrichienne à Neerwinden (Landen, en Brabant flamand) entraîne le retour du prince-évêque et une période de répression.

  Quand les troupes républicaines françaises entrent à Liège fin juillet 1794, après avoir vaincu les Autrichiens à Fleurus, la démolition de la cathédrale revient à l’ordre du jour.

En fait, cette démolition va s’accomplir lentement, car l’édifice est une mine à ciel ouvert que l’on exploite en fonction des circonstances et des besoins. Les plombs des toitures, cuivres et bronzes, sont envoyés à la fonderie « pour faire des balles pour exterminer les satellites des tyrans » ; les boiseries sont récupérées à des fins militaires ou de travaux publics ; les objets et matériaux sont vendus aux enchères… L’emplacement de l’actuelle place Saint-Lambert va rester un amas de ruines pendant près de trois décennies !

 

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Le dessin* ci-dessus montre les ruines de la cathédrale à l’extrême fin du XVIIIe siècle, vues depuis l’actuel îlot Saint-Michel. La grande tour a été détruite dès 1795, et les deux tours de sable le seront à partir de 1803. L’église Notre-Dame aux Fonts (la flèche) ne va pas tarder à disparaître elle aussi**.

* Les documents représentant les ruines de la cathédrale proviennent des collections artistiques de l’université de Liège et des archives du Vieux-Liège.
** Sauvée du désastre par des particuliers, la cuve baptismale de la fin du Xe siècle a été installée en 1804, après le Concordat, dans l’ancienne collégiale Saint-Barthélemy devenue église paroissiale.

Ci-dessous, l’échafaudage entoilé, sur l’espace Tivoli en l’an 2000, symbolise le chœur oriental de la cathédrale disparue :
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La cathédrale délabrée vue du palais…

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… et de la place du Marché.

 

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Les tours de sable n’existent plus. À l’arrière-plan, on aperçoit le clocher de l’ancienne collégiale Saint-Pierre et le campanile du palais.

  En 1811, Napoléon effectue à Liège une seconde visite officielle et s’irrite de revoir des ruines au lieu d’une place publique avec une statue monumentale de sa personne. En 1812, la municipalité adopte un plan d’aménagement du terrain, qui reçoit le nom de place Napoléon le Grand. Des adjudications sont lancées pour activer le déblaiement. Surviennent alors, en 1815, la défaite de napoléon à Waterloo et la décision du Congrès de Vienne d’attribuer la Belgique au royaume des Pays-Bas.

 

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Ce dessin de Jean-Noël Chevron montre les lieux en 1816. Les ruines imposantes ont disparu, mais de nombreux débris jonchent encore le sol. Un plan d’aménagement sera adopté en 1820, prévoyant des expropriations et un nivellement définitif du terrain. En 1827, le conseil de régence (le conseil communal sous le régime hollandais) officialise le nom de place Saint-Lambert, déjà utilisé depuis longtemps par la population.


* * * * *


La photo qui termine cet article a été prise pendant les fouilles archéologiques de 1977-1984, recherches qui ont par ailleurs retardé le chantier d’aménagement de la place Saint-Lambert :

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 Dans le sous-sol de la place, il existe depuis 2003 un espace dédié aux origines de Liège : l’Archéoforum, dont vous pouvez accéder au site Internet en cliquant ICI.

 

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15 commentaires sur “Avant la place Saint-Lambert

  1. Voilà ce que j’aurais aimé apprendre en cours d’histoire! Votre blog est une mine d’informations, une réussite! Je vous souhaite une bonne continuation.

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  2. Super bien fait, j’ai mis d’ailleurs la page dans mes favoris, mais deux petites choses à ajouter, avant le futur vicus il y a eu le cône de déjections, de 9 mètres de haut, dû à la Légia et à une courbe d’un bras de la Meuse, et aussi st Monulphe qui passant par là aurait prédit qu’il y aurait une cité florissante et qui y fit construire un oratoire où aimait venir se recueillir Saint Lambert, où il fut tué par un soldat de Dodon.

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