Ce tronçon de la rue Saint-Laurent*, entre les deux murets, est un pont franchissant la tranchée ferroviaire que constitue le plan incliné conçu autrefois par Henri Maus (voir cette autre page).
* La rue et le quartier tirent leur nom d’une ancienne abbaye bénédictine dédiée à ce saint.
Un Thalys descend le plan incliné. Dans le fond, on distingue la nouvelle gare des Guillemins en cours de construction.
Prenons un peu de recul par rapport à la première photo. Parallèlement au plan incliné ferroviaire, c’est l’autoroute 602 qui surplombe la rue Saint-Laurent.
Retrouvons cet endroit à la fin des années 1960 :
Il s’agit de l’endroit où la rue du Calvaire* débouchait dans la rue Saint-Laurent.
* Un monument de ce genre existait autrefois, non loin de l’église auxiliaire de Notre-Dame du Calvaire, bâtie au début du XXe siècle.
Cette demeure est datée de 1608 et a été remaniée au XVIIIe siècle. On l’appelle la maison Chapeauville, du nom de Jean Chapeauville (1551-1617)*, célèbre théologien et historien liégeois qui y a vécu.
* On trouve aussi les graphies « Chapeaville » et « de Chapeauville ».
Jean Chapeauville a légué l’immeuble à son neveu Jean La Roche, échevin de Liège. Nous sommes au début du XVIIe siècle, période marquée à Liège par la lutte entre les Grignoux, qui exigent davantage de libertés communales, et les Chiroux, qui veulent le renforcement de l’autorité du prince-évêque.
En 1649, le prince-évêque Ferdinand de Bavière fait appel aux troupes allemandes pour stopper la rébellion. En août, le général bavarois Otto von Sparr s’empare de la maison de La Roche et des habitations voisines entourées de murs, où les milices populaires se sont installées. Il y fait établir des batteries de canons pour bombarder l’abbaye de Saint-Laurent, autre position des démocrates liégeois.
* * * * *
1968. Le chantier de l’autoroute A602 a atteint Burenville (derrière le bulldozer, on reconnaît le chevet de l’église Saint-Hubert érigée six ans plus tôt). Dans le fond, près de l’ancien terril de l’Aumonier fortement arasé, se distingue l’ébauche du viaduc qui permet à la rue Jules de Laminne de franchir la tranchée autoroutière (voir autre article).
Au départ de l’échangeur de Loncin, la A602 est initialement prévue jusqu’au boulevard d’Avroy, via Ans, Burenville, Saint-Laurent, le Bas-Laveu et les Guillemins. Cette photo montre la sortie Saint-Laurent au tout début des années 1970.
La rue Saint-Laurent à l’extrême fin des années 1960. Le passage de l’autoroute à cet endroit, ainsi que l’aménagement des bretelles pour y accéder ou en sortir, vont nécessiter d’importantes expropriations et démolitions. Vont disparaître tous les bâtiments situés entre le building et la tranchée du chemin de fer, des deux côtés de la chaussée.
Vont donc disparaître tous les bâtiments visibles à l’avant-plan de la photo ci-dessus, à l’exception de l’immeuble sis tout à droite.
Pendant les démolitions de 1969-70 ▲ et de nos jours ▼
À droite, c’est l’entrée de la rue du Calvaire en 1970.
Toute une série d’immeubles ont été détruits ▲ pour permettre d’aménager un nouvel accès à la rue du Calvaire, accès reporté plus haut dans la rue Saint-Laurent ▼
La rue du Calvaire a également souffert pendant l’aventure, tronquée de sa partie basse vu la largeur de l’autoroute et de ses bretelles.
La rue du Calvaire avant l’aménagement autoroutier ▲ et de nos jours ▼
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Toute mon enfance. La démolition de cette superbe maison est un crime urbanistique de plus.
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Habitant la rue du calvaire et n’ayant pas connu cette époque, ravi de voir ma rue a l’origine avant ce desastre d’autoroute …
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Merci pour votre site.
Depuis la destruction de la Cathédrale Saint-Lambert, je ne m’étonne plus de rien à Liège.
La destruction de ce magnifique immeuble Jean de Chapeaville, fondateur de l’histoire liégeoise moderne, c’est un péché contre l’esprit.
Liège, petite ville… sans caractère architectural; l’avis des chauffeurs de taxi rejoint celui de mes éminents confrères universitaires français et suisses.
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J’ai habité l’immeuble sis au coin de la rue du Calvaire et de la rue Saint Laurent. Outre la librairie marchand de tabac il y avait un magasin de primeurs rue Saint Laurent face à la rue du Calvaire et l’arrêt du tram .
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