Le carrefour de Hocheporte en août 2013, et ci-dessous dans l’autre sens en 2014 :
Ce quartier tient son nom d’une ancienne porte fortifiée établie dans les murailles construites au début du XIIIe siècle. Murailles que nous rappelle aussi la rue des Remparts.
Le nom « Hocheporte » proviendrait d’un propriétaire local nommé Hacar. Au XIIIe siècle, on trouve en effet l’appellation « Hacarporte » (puis « Hachaporte » au XVe et « Hochaporte » au XVIIIe).
Situons cette porte sur la vue ci-dessous, due à Julius Milheuser en 1649 :
Identifions les églises Saint-Martin (1) et Saint-Séverin (2). À cette époque, la rue d’Agimont* (3) se situe dans le prolongement de la rue Fond Saint-Servais (4), près du couvent Sainte-Claire** (5). Au sommet de la rue Hocheporte (6), s’ouvre l’arcade fortifiée (7), comprise dans la muraille entre le collège des jésuites anglais (8) et le bastion du Saint-Esprit*** (9). Au-delà du rempart, commence le faubourg Hocheporte **** (10).
* Du nom, sans certitude, d’un ancien propriétaire local (« Agiermont » au XIIIe siècle).
** Voir autre note.
*** Fortification réédifiée au début du XVIIe siècle au sommet de l’actuelle rue Mississipi, sous la magistrature du bourgmestre Philippe du Saint-Esprit (surnom de Philippe le Rousseau).
**** Un faubourg est au départ un quartier en dehors du bourg, au-delà donc des murailles.
Recherchons les mêmes lieux sur ces deux autres plans, le premier de 1720, le second de 1810 (cliquer dessus permet de les agrandir) :
La Hocheporte d’antan est détruite en 1821, sous le régime hollandais, et ses matériaux servent à la reconstruction de la citadelle sur les hauteurs de Sainte-Walburge. On réédifie toutefois une arcade en 1824 ; il ne s’agit dès lors plus d’un ouvrage monumental, mais d’une simple voûte en briques sans caractère, qu’on décidera de démolir en 1852 et dont les derniers vestiges ne seront enlevés qu’en 1886.
Ci-dessus, les ruines de la porte après 1852 (dessin d’Alfred Ista). La tour carrée, sur la droite, est celle d’une maison de la rue Hocheporte, dans sa partie jadis située à l’extérieur de l’enceinte fortifiée.
Sur le dessin qui suit (œuvre d’Adolphe Dubois), on découvre précisément cette partie supérieure de la rue Hocheporte en 1880. On y retrouve la maison avec la tour carrée (qui a perdu sa toiture pyramidale) :
Tour carrée toujours existante, comme le montre cette photo actuelle de la rue Hocheporte (vue dans l’autre sens par rapport au dessin qui précède) :
Mais revenons-en aux anciennes murailles. Voici ce qui subsiste du bastion du Saint-Esprit au XIXe siècle (œuvre de G.F Sargent, peintre et dessinateur anglais actif dans les années 1830 à 1870), avec la rue des Remparts à l’emplacement de l’ancien chemin de ronde :
Ci-dessus, l’état actuel du rempart à l’angle des rues Mississipi* et Louis Fraigneux**.
* L’emplacement de cette rue servait autrefois de fossé à la muraille. L’appellation « Mississipi » remonte au XVIIIe siècle, probablement à cause de l’engouement que suscitait alors l’exploration du Nouveau Monde.
** Louis Fraigneux (1863-1938), échevin liégeois et conseiller provincial.
Cette haute muraille, composée de briques et de boutisses en pierre de taille, est donc une section des anciens remparts de la ville. Dès le XVIIIe siècle, des parcelles de terrain situées à son sommet sont données en location à des particuliers. Avec la vente de ces biens au cours du XIXe siècle, l’ancien chemin de ronde est transformé en voie publique, la Ville prenant à sa charge l’amélioration des escaliers qui y mènent et la consolidation des vieux murs.
Hocheporte avant le percement de la rue de l’Académie, baptisée ainsi en 1886. Ci-dessous, le même endroit de nos jours (repérons-nous grâce au mur désigné par la flèche) :
L’endroit marqué d’une flèche sur la photo ci-dessus, le voici en plan plus rapproché, avec l’entrée, rue Hocheporte, des escaliers de la rue des Remparts :
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Le building a été bâti à l’angle de la rue Hocheporte (tronçon supérieur) et de la voie rapide qui relie la Cadran à Fontainebleau. Autrefois, dans le cadre rouge, se trouvait le bâtiment représenté sur le dessin qui suit, réalisé par Joseph Vuidar en 1888 :
Il s’agit de l’auberge du soleil, datant du XVIIe siècle (la façade porte d’ailleurs une enseigne en pierre sculptée représentant l’astre). L’auberge dite aussi « du bon logis », où les voyageurs attardés logeaient en attendant l’ouverture de la Hocheporte (dixit Théodore Gobert).
Le même bâtiment à l’aube du XXe siècle. Il est devenu la Maison Magnery, du nom du propriétaire, négociant en graines potagères et fourragères.
La Maison Magnery en 1922. Les arbres sont ceux de la Place Hocheporte, baptisée ainsi en 1910 au pied de la Montagne Sainte-Walburge.
Le 7 septembre 1944, afin de retarder l’arrivée des troupes américaines, les Allemands font exploser des chenillettes remplies d’explosifs aux carrefours de Fontainebleau, de Hocheporte et du Cadran. La photo ci-dessus montre les dégâts occasionnés à Hocheporte, au sommet de la rue de l’Académie (dans le fond, on aperçoit le musée des Beaux-Arts, logé à l’époque dans une annexe de l’académie royale du même nom).
Fissurée et instable à la suite de l’explosion de septembre 1944, la grainerie Magnery devra être détruite.
Ci-dessus, le carrefour de Hocheporte avant 1944. Ci-dessous, le même endroit dans les années 1950 : la Maison Magnery a été remplacée par une station-service :
Ci-dessus, au début des années 1960. Ci-dessous, en 2013 :
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C’est dès la fin des années 1970 que le quartier connaît d’importantes transformations qui vont peu à peu aboutir à la configuration actuelle des lieux.
Le carrefour et la place Hocheporte au début des années 1970. J’ai habité au bas de la Montagne Sainte-Walburge, en face de l’hôpital des Anglais (1), de 1964 à 1971. L’école communale (2) date de la fin du XIXe siècle. Je pense que les palissades, à l’angle de la place et de la rue de l’Académie (3), cachent toujours le terrain vague dû à l’explosion de 1944 !
Le carrefour de Hocheporte en 1979, après la disparition de la station-service.
La partie supérieure de la rue Hocheporte en 1979. Le terrain vague et ses abords ont laissé place à tout un réseau routier (voir photo suivante) :
Le chantier du carrefour Hocheporte en 1983. Ci-dessous, le même endroit de nos jours :
Les deux photos qui suivent datent du début des années 1980 ; elles montrent le chantier du côté de la rue de l’Académie, dont il ne subsiste que les immeubles du côté gauche, ceux de droite ayant été démolis (y compris le musée des Beaux-Arts) afin de percer là une voie rapide reliant le Cadran à Fontainebleau :
La rue de l’Académie en 2006, pendant la construction des « Jardins de l’Académie », complexe de trois immeubles de prestige à usage mixte (bureaux et logements) (architecte : AST Claude Strebelle).
Place Hocheporte, la façade de l’ancienne école communale a été conservée et intégrée dans le nouveau complexe.
Hocheporte et les jardins de l’Académie. Dans le cadre rouge, se trouvait autrefois cette rangée d’immeubles, dont le musée des Beaux-Arts :
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Super reportage photo Claude. Je suis aussi passionné par l’histoire de Liège. Bravo
Marc
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Superbe travail et quelle nostalgie
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quels batiments(anciens)fabuleux autre chose que les batiments sans ames actuels.
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J’habite rue Hocheporte depuis quelques années.
Je me suis toujours demandé pourquoi il y a une petite rue en parallèle et jointe en contre bas.
Nous pouvons le voir sur la photo de la partie supérieur de la rue hocheporte datent de 1979.
Merci et bravo pour le travail fourni.
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