Le charbonnage de Belle-Vue, à Saint-Laurent

Dans le cadre rouge : l’institut technique et professionnel Saint-Laurent, dans la rue du même nom à Liège. Photo prise en 2008 depuis la tour de la collégiale Saint-Martin.

L’institut Saint-Laurent Liège, c’est là que j’ai enseigné de 1968 à 2012. Au cours de ma carrière, mais je me souviens plus des années, ont eu lieu deux affaissements de terrain, qui n’ont heureusement menacé personne. Le plus spectaculaire s’est produit à proximité du bâtiment consacré au secteur construction (voir plus loin). C’est comme cela que j’ai appris qu’il existait là, autrefois, un charbonnage nommé Belle-Vue.

 

Ce plan date de 1879, quarante ans avant la création de l’école. On peut y identifier la collégiale Saint-Martin* (1), la rue Saint-Laurent (2), l’hospice Sainte-Agathe pour aliénées (3) et l’hôpital militaire Saint-Laurent (4). Le chiffre 5 désigne l’emplacement du charbonnage de Belle-Vue.

* Devenue basilique en 1886.

 

Cette vue date de 2003. Elle présente, à droite, le grand hall d’atelier du secteur mécanique, suivi du bâtiment (en rouge) du secteur construction. D’après le plan ancien qui précède, les puits de la houillère se trouvaient dans le fond de cette partie de l’école.

 

Panorama de Liège photographié en 2007 depuis le toit d’un bâtiment de l’institut Saint-Laurent. On aurait aimé que le charbonnage se soit appelé « Belle-Vue » vu le paysage qu’on y pouvait y découvrir, mais il a simplement repris le nom d’un bistrot des environs.

 

La houillère aurait existé dès le XVe siècle. Au XVIe encore, elle s’appelait « En Vignes », vu qu’elle se trouvait dans le secteur viticole de l’abbaye de Saint-Laurent.

En ces temps-là déjà, il fut sommé aux maîtres de fosse* de cesser les travaux souterrains pour creuser de nouvelles galeries, prospections qui auraient menacé notamment la collégiale Saint-Martin et les remparts tout proches. Il fut même question de condamner le site, mais l’exploitation se poursuivit malgré tout jusqu’en 1770.

* Théodore Gobert, dans son ouvrage « Liège à travers les âges / les rues de Liège », raconte l’exemple de quatre d’entre eux, mis en prison pour n’avoir pas respecté cette injonction, condamnés à la peine capitale et finalement grâciés à condition de réparer les dégâts occasionnés.

En 1797, sous le Régime français, l’avocat Abraham Josué Jean-Louis Braconier et le notaire Jean Wéry, en quête d’investissement, cherchèrent à faire rouvrir la bure, mais ils se heurtèrent à l’opposition de la famille Berleur, propriétaire du terrain, ainsi que des habitants des environs, qui craignaient la reprise d’investigations minières.

Les mêmes renouvelèrent leur demande en 1811 et obtinrent satisfaction en 1826, sous le Régime hollandais (Joseph-Frédéric Braconier avait pris la relève de son père Abraham depuis 1816) ; c’était l’une des plus petites concessions de la région.

 

Lithographie de Dagobert, 1839. Bibliothèque ULg.
Œuvre du lithographe français Édouard Hostein, vers 1840. À l’avant-plan droit, l’artiste a représenté les installations de la houillère de La Haye.

Sur les deux paysages ci-dessus, on reconnaît (la flèche) l’ancienne abbaye de Saint-Laurent devenue caserne et hôpital militaire. À sa droite, les cheminées sont celles de la houillère de Belle-Vue.

Le charbonnage devint une société anonyme en 1859.

En août 1881, un accident grave entraîna la fermeture définitive du puits d’extraction. La liquidation de l’entreprise fut décidée en avril de l’année suivante. La concession ne fut jamais reprise.

 

Ouvrages de référence :

  • Théodore GOBERT, Liège à travers les âges / Les rues de Liège, éditions Culture et Civilisation, réédition 1976.
  • André DE BRUYN, Les anciennes houillères de la région liégeoise, éditions Dricot, 1988.
  • N. CAULIER-MATHY (chef de travaux à l’université de Liège), La persistance de l’Ancien Régime : le droit liégeois et la loi impériale de 1810 sur les mines, document PDF de 1983.

 

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