Les charbonnages de Bonne-Fin, sièges de Sainte-Marguerite et de l’Aumonier à Burenville

Le siège primitif de la houillère de Bonne-Fin* est situé en Xhovémont en 1759. L’entreprise doit connaître une certaine importance vu l’utilisation dès 1773 d’une pompe à feu**, mais elle périclite à la fin du siècle à cause de l’épuisement des veines.

* Probablement dans l’espoir que tout se termine bien !
** Une pompe à feu est une machine à vapeur servant à l’exhaure (évacuation des eaux d’infiltration).

Plusieurs industriels importants* constituent alors une société pour fonder un nouveau siège à Sainte-Marguerite, au pied de l’actuelle rue de Hesbaye. Une concession de 267 hectares leur est accordée en 1806 par décret impérial (nous sommes sous le régime français de Napoléon).

* Parmi lesquels : Joseph-Michel Orban, son fils Henri-Joseph et Walthère Melchior Jamar (http://connaitrelawallonie.wallonie.be/fr/wallons-marquants/dictionnaire/orban-henri-joseph).

En 1809, une extension de concession permet d’exploiter sous le faubourg de Sainte-Walburge, dans les environs de la citadelle. Il s’agit notamment de redynamiser la bure de la Plomterie, déjà existante en 1585.

D’autres extensions, de 1825 à 1845, portent la superficie exploitable à 565 hectares. Sans compter que les associés de Bonne-Fin ont racheté en 1840 le charbonnage du Bâneux*, situé à Vivegnis.

* Qui finira par fusionner avec Bonne-Fin en 1865.

En 1848, la Société de Bonne-Fin absorbe la houillère de l’Aumonier, installée dans le quartier de Burenville. En 1855, le groupe adopte les statuts d’une société anonyme.

 

Plan 1880

Plan de 1880. La flèche rouge indique le siège du charbonnage de Bonne-Fin à Sainte-Marguerite ; la verte désigne la houillère de la Plomterie, toujours représentée malgré sa fermeture en 1875.

 

Plomterie 1875

La plomterie avant 1875.

 

Plan 1911

Sur cet extrait d’un plan de 1911 (cliquez dessus pour l’agrandir dans une nouvelle fenêtre), sont illustrés les sièges Sainte-Marguerite (1) et Aumonier (2) de la Société des charbonnages de Bonne-Fin.

 

Charbonnage Bonne-Fin début XXe

La cour intérieure du charbonnage de Bonne-Fin, à Sainte-Marguerite.

 

Mineurs Bonne-Fin

Des mineurs de Bonne-Fin.

 

Sanatorium St-Joseph Liège

En 1907, est construit le sanatorium Saint-Joseph, tenu par les Sœurs de Saint-Charles Borromée ; il est ouvert au départ pour soigner les blessés de la mine.

 

Bas Rhieux Liège 1902

La rue Bas-Rhieux  dans la première décennie du XXe siècle. Le ruisseau en question est la Légia. À l’arrière-plan, la colline de Naimette-Xhovémont sert de terril  à la houillère de Bonne-Fin.

 

Entrée Bonne-Fin rue de Hesbaye 1928

L’entrée de la Société Bonne-Fin au n°8 de la rue de Hesbaye, en 1928. À cette époque, la concession totalise 688 hectares, exploitée par les sièges de Sainte-Marguerite, de l’Aumônier, de Bâneux et de Sainte-Barbe à Ans.

 

Plan 1930

Le pointillé, sur ce plan de 1930, représente le tracé de l’impressionnant transporteur aérien qui servait à déverser les résidus miniers sur les terrils à flan de coteau.

 

Transporteur

Le transporteur aérien (qui sera démantelé en 1959).

 

Dès les années 1920, une crise affecte le secteur houiller wallon, à cause principalement de la concurrence d’autres productions meilleur marché, comme les charbons campinois et allemands. En ce qui concerne le sujet traité dans cet article, le siège de Sainte-Barbe ferme ferme en 1934 ; celui de Bâneux, en 1942.

Les charbonnages wallons vont accentuer leur déclin dans les années 1950, après un éphémère regain d’activité dû à la pénurie d’énergie au lendemain du second conflit mondial.

En juillet 1950, la Société Bonne-Fin fusionne avec la Société anonyme des charbonnages de Bonne Espérance, Batterie et Violette. Après 1951, les normes de rentabilité exigées par la CECA (Communauté européenne du charbon et de l’acier) entraînent des rationalisations et des fermetures. Les sièges de l’Aumonier et de Sainte-Marguerite finiront par cesser leurs activités, le premier en 1956, le second en 1965.

 

Bonne-Fin 1964

En 1964 (année de la photo ci-dessus), un incendie éclate au siège Sainte-Marguerite de Bonne-Fin et accélère la fermeture définitive de l’exploitation, qui aura lieu l’année suivante.

 

Ruines Bonne-Fin Liège 1967

La démolition du site de Bonne-Fin en 1967.

 

Fontainebleau Liège 1974

Le carrefour de Fontainebleau en 1974. De nombreuses expropriations et démolitions préparent l’aménagement de la voie rapide reliant Burenville à Hocheporte.

 

Fontainebleau Liège 2009Le réaménagement du carrefour de Fontainebleau en 2009.

 

Puits Bonne-Fin 2012

Le carrefour de Fontainebleau dans l’autre sens, en 2012. À l’avant-plan, la tombe d’un ancien puits du charbonnage de Bonne-Fin.

 

 

LA HOUILLÈRE DE L’AUMONIER

Cette houillère est une des plus anciennes de l’ouest de Liège, relevant dès le XVIe siècle de l’abbaye de Saint-Laurent. Après une période d’instabilité sous le Régime français (vente des terrains monastiques comme biens nationaux, submersion des veines inférieures), elle renaît dès le courant du XIXe siècle quand elle devient la propriété de la puissante Société des charbonnages de Bonne-Fin, établie dans le quartier de Sainte-Marguerite, près de l’actuel carrefour de Fontainebleau.

Le terme « aumonier » ne prend pas d’accent circonflexe sur le « o » ; il n’a en effet aucun rapport avec un quelconque ecclésiastique, il dérive du wallon « åmonî », qui désigne un framboisier, arbuste autrefois caractéristique du lieu.

 

Plan 1880_2

Autre fragment du plan de 1880. La houillère de l’Aumonier est proche de la gare du Haut-Pré (existant là depuis 1842). Cette proximité avec le chemin de fer va fortement contribuer au développement du charbonnage. Le trait rouge préfigure la rue l’Aumonier, qui sera percée à l’entame du XXe siècle et sera baptisée ainsi en 1902.

 

Charbonnage Aumonier Liège Jean Müller

Le siège de l’Aumonier vu par le dessinateur liégeois Jean Müller (1904-1977).

 

Lavoir Aumonier

Le lavoir de l’Aumonier.

 

Terril Aumonier Liège rue du Calvaire

Le terril de l’Aumonier vu du côté des rues du Calvaire et du Snapeux, au début du XXe siècle ▲ et de nos jours ▼

Snapeux Liège 2013

 

Rue Bagolet Liège 1950s

À l’angle des rues Burenville et Bagolet dans les années 1950. À l’arrière-plan, il s’agit des belles-fleurs du charbonnage de l’Aumonier. La maison marquée d’une croix est celle désignée par la flèche sur la photo suivante :

Emplacements puits Aumonier Liège

Ce tronçon de la rue Burenville est devenu la rue de Mons. Les trois croix, entre les bâtiments de Schreder-R-tech et de la carosserie Renault-Neri, sont les emplacements des anciens puits du charbonnage (emplacements identifiés par mon ami Jean-Claude Jacobs).

Comme il l’a été dit dans la première partie de cet article, l’Aumonier a cessé ses activités en 1956.

 

Belle-fleur 1956_2

▲ Belle-fleur de l’Aumonier en 1956, année de la fermeture du charbonnage. Au lointain : la basilique Saint-Martin ▼

Belle-fleur 1956_1

 

Plan début 60s

Plan de Burenville (zone grisée) du début des années 1960. Repérons le boulevard Sainte-Beuve (1), le boulevard Carton de Wiart (2), l’avenue Olympe Gilbart (3), l’angle de l’avenue Émile Jennissen et de la place de l’Espérance (4), la rue Burenville (5), le tronçon de la rue Burenville devenu rue de Mons après 1968 (6), le terril du charbonnage de l’Aumonier (7), la future rue Jules de Laminne (8), l’autre tronçon de la rue Bagolet (9), l’emplacement de la future avenue de Fontainebleau (10). La flèche représente le tracé de l’autoroute A602, réalisé fin 1968.

 

Ste-Beuve Liège 1962

À Burenville, au départ du boulevard Sainte-Beuve, on aménage dès 1962 le boulevard Carton de Wiart (1) et l’avenue Olympe Gilbart (2), voiries baptisées ainsi en 1963, points de départ en direction de la future autoroute A602 et de la voie rapide descendant vers Fontainebleau. À droite, derrière la rue du Calvaire (3), se dresse le terril de l’Aumonier (4).

Le même endroit en 2020 :

Carton de Wiart Liège 2020

 

Construction maisons sociales Burenville 1963

La rue du Calvaire et ce qui reste du terril de l’Aumonier en 1963, au début de la construction des immeubles sociaux du boulevard Carton de Wiart.

 

Chantier autoroute A602 1967

Le chantier de l’autoroute A602 en 1967. Le bas de la rue Bois Gotha a survécu, mais le haut a été totalement détruit, de même qu’une partie de la rue Burenville. Les remblais proviennent en partie du terril de l’Aumonier, que l’on voit diminué.

 

Chantier autoroute A602 1968

L’autoroute A602 en cours de terrassement à la fin de l’année 1968. Derrière le bulldozer, on reconnaît le chevet de l’église Saint-Hubert érigée six ans plus tôt. Dans le fond, près du terril fortement arasé (et qui va totalement disparaître), se distingue l’ébauche du pont de Burenville, qui permet à la rue Jules de Laminne de franchir la tranchée autoroutière.

Ci-dessous, la même perspective de nos jours :

Autoroute A602 2019

 

Ouvrages de référence :

  • Théodore GOBERT, Liège à travers les âges / Les rues de Liège, éditions Culture et Civilisation, 1976.
  • André DE BRUYN, Les anciennes houillères de la région liégeoise, éditions Dricot, 1988.
  • Michaël CLOSQUET, Sainte-Marguerite / L’histoire du quartier au fil des rues, 2015.
  • Claude WARZÉE, Liège autrefois / Les quartiers et leur histoire / Cointe Haut-Laveu Saint-Gilles Burenville, éditions Noir Dessin Production, 2013.

 

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Pour celles et ceux qui s’intéressent à l’histoire du quartier Sainte-Marguerite, voici un lien vers le livre de mon ami Michaël Closquet :

livre_closquet

4 commentaires sur “Les charbonnages de Bonne-Fin, sièges de Sainte-Marguerite et de l’Aumonier à Burenville

  1. émouvant pour moi qui habite Ans et dont les deux grands’pères ont travaillé dans les mines des environs. un article de 1er mai bien instructif. merci

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  2. Bonjour et félicitations pour vos articles et archives !
    de 1945 à 55 j’ai habité la rue de l’Aumonier, face à la Boulonnerie du Haut Pré. J’ai pratiquement arpenté toutes les rues avoisinantes à quatre pattes (les voitures y étaient rares, et l’herbe poussait entre les pavés), et nous allions aussi jouer dans le Pré Bidaut, un grand talus en haut de « ma » rue. Notre logement était plus qu’exigu, et nous étions priés d’aller dans la rue …Nous étions voisins d’une maison cossue, habitée par la famille Nagant, dont nous occupions une misérable dépendance de quelques m2.
    J’ai fréquenté la Maternelle de la rue du Coq, et les six primaires de l’excellente école Félicien Van Dest, rue de Fexhe. Mes amis de l’époque portaient le nom de D.Stas, M.Bouhon, Ch.Legrand, P.Albert, Ch.Snyers JM.Knaepen, et surtout JM VETCOUR, fils du peintre liégeois, qui nous laissait sympathiquement jouer dans son atelier. C’est là que j’ai découvert des paysages ardennais, espagnols et surtout provençaux dont je suis tombé amoureux, moi qui n’avais jamais quitté mon quartier, sauf pour aller camper en famille à Streupas ou Wégimont … Mes premières paies d’adulte m’ont permis d’acquérir quelques unes de ces toiles qui m’avaient émerveillé en ouvrant mon regard vers d’autres mondes.
    Merci d’avoir réveillé ces vieux mais beaux souvenirs …

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