Le cercle rouge, sur chacun des trois plans qui suivent (1737, 1880 et début des années 1960), situe l’endroit concerné par cet article :
Extrait du plan de Christophe Maire, 1737. La rue Neuve deviendra la rue de Bruxelles en 1863. Élargie dans les années 1870, lors de la création du chemin de fer de ceinture, elle absorbera la rue Table de Pierre.
Extrait d’un plan dressé en 1880 sous la direction de Hubert-Guillaume BLONDEN, ingénieur directeur des travaux publics de la ville de Liège. Les doubles pointillés préfigurent la future rue de l’Académie (1886) et le prolongement de la rue Sainte-Claire sous le nom de rue des Anglais (1885-87).
Plan De Rouck du début des années 1960. Repérez la rue de Bruxelles et retrouvez-la sur la photo ci-dessous, qui nous la montre au début des années 1970. Le carrefour du Cadran figure dans l’ovale rouge :
Plus rien à voir avec le même endroit de nos jours :
Gros plan sur le carrefour du Cadran au début des années 1970, vu depuis le sommet de la rue de Bruxelles. La flèche bleue désigne la rue Sylvestre ; la verte, la rue Léon Mignon et la place des Bons Enfants ; la rouge, la rue de l’Académie ; l’orange, la rue des Anglais.
La photo précédente, extraite d’une revue d’époque, est de mauvaise qualité. Voici le même endroit dans les années 1960 :
Au rez-de-chaussée du building central, se trouve le café « Le Cadran ». Cet établissement a été ouvert en 1893, au rez-de-chaussée de l’immeuble qui a précédé le building (immeuble marqué d’une flèche sur la carte postale colorisée qui suit, datant du tout début du XXe siècle, à l’époque de la toute première gare du palais) :
Le café « Le Cadran » proposait à ses clients un immense cadran solaire divisé en vingt-quatre heures, particularité rare à l’époque. C’est de là que proviendrait le surnom donné au carrefour.
C’est l’hypothèse la plus plausible. Une autre voudrait que ce soit une allusion à un cadran solaire placé autrefois à l’arrière d’une maison de la rue Fond Saint-Servais, maison aujourd’hui disparue.
Le cadran solaire du Fond Saint-Servais.
À l’angle des rues de l’Académie et des Anglais au tout début du XXe siècle ▲
et en 1975 ▼
Dans la seconde moitié des années 1970, le quartier va subir une profonde métamorphose, avec le réaménagement de la gare du Palais en souterrain et la démolition de nombreux immeubles pour améliorer l’accès routier à la place Saint-Lambert, elle aussi en totale mutation.
1974 : les immeubles de la rue de Bruxelles à l’abandon.
En 1974 ▲ et 1975 ▼
1975 : un tronçon du Fond Saint-Servais en attente de destruction.
La courte rue Sylvestre en 1974, menant au croisement des rues Haute Sauvenière, Saint-Pierre et Saint-Hubert. La rue Sylvestre date de 1876. Il aurait existé là, avant la construction de la collégiale Sainte-Croix, un château surnommé le Castel Sylvestre (parce que proche du bois du Publémont). Cette légende est due à l’imagination débordante du chroniqueur Jean d’Outremeuse.
La rue Sylvestre vue dans l’autre sens, depuis le sommet de la rue Haute Sauvenière.
Le Cadran en 1974 ▲ et lors des démolitions après 1977 ▼
La destruction du building « Le Cadran », vers 1977-78.
L’ampleur des démolitions en 1979, place Saint-Lambert et rue de Bruxelles ▲
et au Cadran ▼
Au début des années 1980, le Cadran est transformé en échangeur routier, avec un site propre pour les transports en commun (les abribus sur la gauche).
En 1982. Les bus en direction de Fontainebleau (Sainte-Marguerite) ont leur gare routière en souterrain.
Photo prise depuis la bas de la rue l’Académie au tout début des années 1980 : l’esplanade pour les arrêts de bus est en cours d’aménagement.
La rue de l’Académie est cette fois à l’arrière-plan. À droite, on voit la double rangée d’abribus, de part et d’autre de la piste réservée aux transports en commun.
En 1985.
Cette vue aérienne nous montre la situation du centre-ville au milieu des années 1980. La gare du Palais est souterraine, et vers le haut à droite, le Cadran et son échangeur routier sont achevés. On est loin compte, par contre, avec la place Saint-Lambert et ses environs, qui restent un véritable no man’s land.
En 1990.
La photo ci-dessus date de 1996. Le rectangle rouge nous renvoie à la vue suivante. Il existait, du côté de la rue Saint-Hubert, une entrée avec escalators qui permettait d’accéder par une galerie souterraine à la gare des bus et à la gare ferroviaire du Palais :
Sur cette photo de 2007, l’entrée est condamnée. Ces lieux souterrains ont rapidement souffert de gros problèmes de vandalisme et d’insécurité.
L’entrée avant les faits de vandalisme.
La galerie commerçante dans les années 1980.
Dans le nouveau schéma d’aménagement de la place Saint-Lambert, imaginé par l’architecte Claude Strebelle et adopté définitivement en 1988, il est aussi question de remodeler aussi les espaces voisins, et donc le Cadran (au-dessus à gauche du plan ci-dessus).
Il est question de créer un espace urbain arboré et revalorisé, plus sécurisant pour les piétons, avec des accès automobiles plus modestes. Un couloir oblique sera réservé aux bus, qui circuleront en site propre de la place Saint-Lambert à Hocheporte.
Un nouveau chantier va durer au Cadran de 1999 à 2002.
Le Cadran en 2002.
Au départ, il est prévu que reconstruire une gare ferroviaire en surface, avec d’immenses verrières surplombant les voies existantes, mais ce projet n’a jamais abouti.
En fait, la seule nouveauté dès 2012, c’est le bâtiment d’entrée du complexe événementiel souterrain « Le Cadran ».
Petite visite de cet établissement établi dans les souterrains réaménagés de la gare du Palais : https://photosdeliege.wordpress.com/2020/03/24/lespace-evenementiel-du-cadran/
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Fantastiques documents qui laissent pantois.
Félicitations pour ces archives extraordinaires.
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Photos exceptionnelles, toute mon enfance, merci!
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Chaque fois que je passe dans ce quartier et que je le compare à ce qu’il était avant tel que je l’ai connu, j’ai « mal à ma ville ». Comment est-il possible que l’on ait laissé faire un tel massacre urbanistique? Le Cadran actuel est une des plus grandes stupidité urbanistique que je connaisse à Liège (qui n’en manque pas hélas…). Où sont maintenant les jardins 18ème détruits pour faire place aux voitures ? Où sont les ruelles romantiques décrites par Victor Hugo lors de son passage à Liège, l’infâme cloaque venteux de la « gare St Lambert » (excusez la prétention…) est-il réellement mieux que l’ancienne gare du Palais. Tout n’était pas mieux avant, mais Liège conservera malheureusement longtemps les stigmates de l’aveuglement de ses gestionnaires dans les années 60 et 70.
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