▲ Ces deux vues nous montrent le même endroit à cent cinquante ans d’intervalle ▼
Nous sommes vers 1860. Le couple promenant un chien se trouve place Saint-Lambert, et à l’arrière-plan, ce sont les tilleuls de la place Verte (aujourd’hui absorbée par les immeubles de l’îlot Saint-Michel). Les lieux sont aristocratiques, bordés de prestigieux hôtels particuliers. Celui marqué d’une flèche se retrouve, dans l’autre sens, sur la photo suivante prise entre 1882 et 1884 :
Cet immeuble à la façade de style néo-Renaissance est l’hôtel du banquier Cerfontaine, construit en 1853 d’après les plans de l’architecte Jean-Pierre Cluysenaer, qui s’est inspiré du palais des Procuraties de Venise. À sa droite, précédée d’une avant-cour, il s’agit de la banque Dubois de Mélotte de Noirdans.
La banque Dubois de Mélotte de Noirdans en 1865.
C’est en 1884 qu’Auguste Thiriard (parfois écrit Thiriart ou Tiriard) acquiert le bâtiment de la banque Dubois de Mélotte de Noirdans. Il réaménage les lieux, faisant notamment construire, sur l’avant-cour, une façade métallique vitrée à l’étage et surmontée d’un fronton qui porte ses initiales. En 1885, il y ouvre le premier grand magasin de la place, et comme on y vend de tout, il l’appelle le « Grand Bazar ».
▲ Les places Saint-Lambert et Verte à la charnière des XIXe et XXe siècles ▼
Voici trois photos du Grand Bazar à l’aube du XXe siècle, avec deux comparaisons actuelles :
Contrairement à ce que laisserait penser l’intitulé du document ci-dessus, les lieux sont un peu antérieurs à 1905. Il faut croire que les collections de cartes postales en vente à l’occasion de l’Exposition universelle comportaient aussi des vues de la ville prises avant l’événement.
Voyez la carte ci-dessous, montrant la situation en 1903-1904 : le Grand Bazar de 1885 a été démoli. On va le remplacer par un bâtiment dont la façade adoptera le même style néo-Renaissance que son imposant voisin de gauche (acquis par la famille Thiriard en 1899).
La construction du nouveau Grand Bazar en 1904 (la façade la plus blanchâtre).
Le Grand Bazar après 1904, intégrant l’ancien hôtel Cerfontaine. Les cinq travées de droite remplacent le Grand Bazar métallique d’origine. Les transformations sont dues à l’architecte Arthur Snyers. L’établissement est prêt à recevoir dignement les nombreux clients espérés à l’occasion de l’Exposition universelle et internationale de 1905.
La place Saint-Lambert en 1909. À droite, la marquise monumentale du Grand Bazar.
Ci-après, la même perspective vers 1974-75 et en 2015 :
Revenons-en à la place Saint-Lambert de la première décennie du XXe siècle.
À gauche du Grand Bazar, le bâtiment coloré en bleu est l’immeuble Desoer, qui est notamment le siège du Journal de Liège. Auguste Thiriard l’achète en 1907 mais meurt la même année. Son beau-fils Nestor Capelle en fera une extension du Grand Bazar, en le faisant agencer dans le même style que le reste.
Le Grand Bazar à nouveau étendu, avec une façade uniformisée harmonieuse de septante-cinq mètres, est inauguré en 1913. Le voici en 1919 :
Le petit immeuble qui subsiste à l’angle de la rue Gérardrie, nous le verrons plus loin, sera absorbé en 1950.
À la fin des années 1920, est construit un passage piétonnier souterrain pour relier le magasin aux arrêts de trams et au terre-plein central de la place Saint-Lambert. Ce passage bordé de boutiques sera appelé la galerie Thiriard. Cet aménagement fait partie des travaux réalisés à l’occasion de l’Exposition internationale de 1930.
Carte colorisée éditée à l’occasion de l’Exposition de 1930. Le cercle rouge entoure l’aubette où se trouvent un escalier et un escalator (un des premiers d’Europe) qui permettent de descendre dans la galerie Thiriard.
Le Grand Bazar en 1930.
Les places Saint-Lambert et Foch au début des années 1930.
▲ La transformation de l’angle avec la rue Gérardrie date de 1949, avec inauguration en 1950. Cette fois, l’ajout est moderne, se différenciant totalement de l’ensemble néo-Renaissance ▼
▲ Dans les années 1950 ▼
La façade du Grand Bazar somptueusement décorée pour la Saint-Nicolas, comme habituellement dans les années 1950-60.
En 1964.
En 1968. La flèche montre un escalier qui donne accès à la galerie souterraine du Grand Bazar.
1974, à la veille des importantes destructions qui vont métamorphoser les lieux. Le Grand Bazar va faire faillite et fermera en juin 1977. En août 1979, le complexe hébergera le Sarma*, obligé de quitter un bâtiment vétuste voué à la démolition.
* Sarma (Société anonyme pour la revente d’articles de masse) : chaîne de magasins active de 1928 à la fin des années 1990.
Le Grand Bazar en 1977, année de sa fermeture pour cause faillite (le panneau sur la façade porte l’inscription « Grand Bazar, le chemin de 800 chômeurs »).
Le démontage des lettres de l’enseigne Grand Bazar, le 26 février 1979.
Les bâtiments du Grand Bazar devenus le Sarma Lux en 1979.
Le Sarma Lux en 1985. Il fermera à son tour en 1997.
La galerie souterraine de l’ancien Grand Bazar en 1995, pendant les mutations de la place Saint-Lambert. Au-dessus à droite de la photo : le rez-de-chaussée du Sarma Lux.
▲ Au début du XXIe siècle, l’ancien Grand Bazar est démoli à l’exception des façades classées ▼
Il est question de recréer à cet endroit de nouveaux logements et commerces. L’entreprise est confiée à l’Atelier Société d’Architectes SA, Audex et Jaspers Eyers.
L’ouverture des galeries Saint-Lambert en septembre 2004.
La place Saint-Lambert en 2009.
Pour tout savoir sur l’histoire du Grand Bazar, il est indispensable de lire l’ouvrage de Marcel CONRADT, « Livre d’or du Grand Bazar » aux éditions Noir Dessin :
http://www.noirdessin.net/livres_liege/grand_bazar.htm.
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Histoires de Liège 
Ayant été absente de Liège près de 30 ans, je n’ai pas suivi son évolution.
Votre merveilleux travail m’a permis de suivre son évolution et sa transformation.
Merci !
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J’ai un gros coup de coeur quand je vois cette belle place en 1930, mes parents se sont mariés le 19 janvier 1929 et ont passé leur nuit de noces dans un petit hôtel qui se trouvait sur le même trottoir que le Grand Bazar , il s’appelait « Aux blés d’Or » merci pour ce beau souvenir…
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Bonjour Claude, j’ai une question pour vous: ce qui est arrivé à la galerie Thiriard du Grandbazar? On la simplement comble? Mes compliments vour votre “blogs”. J’oublie tout le sens de temps quand je les lis.
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Merci beaucoup ce passé qui refait surface que du bonheur ! J y ai connu mon mari nous y étions en 68_69 nous allons avoir fin décembre 50ans de mariage. Tous mes remerciements. Bonne journée.
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La ville de Liège était plus belle en 1960, quand j’étais étudiant. Les façades de ces bâtiments du GB lui donnent une allure de capitale.
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J’aurais aimé retrouver trace de la famille François, directeur au GB dans les années 1964.
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Un tout grand merci pour ce petit bout d histoire sur le Grand Bazar et ses magnifiques photos 🤩. Qui mon permis d en savoir un peu plus … Mais surtout de connaître ces débuts historiques … Passionnant … Cela me remémore de très beaux souvenirs enfant avec ma maman … Nous y venions tout les vendredis … Merci…😊
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Très chouette cette petite histoire du grand Bazar de Liège, et que de bons souvenirs qui me ramène 60 ans en arrière, quand nous allions passer une journée à Liège,pour voir Saint Nicolas. L’histoire de Liège me passionne, vous m’avez permis de retourner au tout début du grand bazar. J’ai vraiment beaucoup apprécié. Merciii. Si vous avez d’autres documents sur Liège autrefois, je suis preneuse…Bon week-end à vous.
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Je voudrais simplement rectifier l’orthographe du nom « Tiriard » fondateur du Grand Bazar… (une de ses Arriere arrière petite fille)
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Bonjour Madame.
On trouve pourtant le plus souvent l’orthographe « Thiriard », que j’ai aussi lue sur un document manuscrit de, 1894.
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Oui c’est exact. Mais le nom suivant l’état civil et qui est inscrit dur sa tombe est bien Tiriard sans h. Je n’ai pas d’explication pour le fait qu’il s’y trouve sur certains documents et je serai curieuse de la connaître…
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bravo
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Bravo !
Que de souvenirs ! Pour cause, je suis né à Liège (1942) et y est vécu jusqu’en 1967.
Je me souviens très bien du Grand Bazar et de mes visites auprès du Grand Saint-Nicolas (même étudiant, nous allions le voir pour recevoir notre « clic-clac »)
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