Le parc d’Avroy auquel nous allons nous intéresser est situé entre l’avenue Rogier et le boulevard d’Avroy (la vue aérienne ci-dessus, que vous pouvez agrandir en cliquant dessus, a été obtenue grâce à Bing Maps).
Il faut d’abord se rappeler qu’il existait à cet endroit, depuis le chantier de rectification de la Meuse (1853-63), un bassin de Commerce relié à la Meuse par deux chenaux d’accès devenus l’avenue Blonden et le boulevard Piercot. Les traits rouges ajoutés à la photo rappellent l’emplacement approximatif de ces installations portuaires. Avant d’aller plus loin, je vous conseille de (re)lire préalablement le chapitre consacré à ce sujet.
La peinture ci-dessus (due à un certain J. Pierre) nous reporte en 1872 et représente le bassin de Commerce. À droite, il s’agit du quai d’Avroy (actuel boulevard). À gauche, on aperçoit le début du chenal d’accès devenu le boulevard Piercot. Les feuillages à l’avant-plan masquent l’île de Commerce délimitée par le bassin, la Meuse et les deux chenaux d’accès. Île restée pratiquement inexploitée malgré son appellation prometteuse.
Comblé dès 1879, le bassin portuaire a fait place à un parc doté d’une pièce d’eau d’agrément. L’île de Commerce, rattachée à la terre ferme, est devenue un quartier bourgeois longé par l’avenue Rogier, de part et d’autre de squares aménagés en jardins et appelés les Terrasses.
Ces transformations urbanistiques sont l’œuvre de Hubert-Guillaume Blonden, directeur des Travaux publics. Son projet figure sur le plan qui suit, approuvé par le conseil communal en 1876 :
Lien Donum : http://donum.ulg.ac.be/handle/2268.1/1493
Sur le plan ci-dessus, la zone qui correspond à l’emplacement du futur parc est restée vierge, avec l’inscription « Terrain réservé pour le parc (45000 m²) dont le dessin sera ultérieurement arrêté ». Ce sera dès 1880 que l’espace vert sera aménagé, selon les plans du paysagiste allemand Édouard Keilig, déjà sollicité à Bruxelles, dès 1861, pour l’aménagement du bois de la Cambre.
Au-delà de l’étang bordé de promenades sinueuses, on peut admirer le tronçon de l’avenue Rogier compris entre le boulevard Piercot et les Terrasses. Cette carte postale nous reporte en 1887.
Version colorisée de la vue précédente, grâce à une carte postée en 1913.
L’autre tronçon de l’avenue Rogier, des Terrasses à l’avenue Blonden.
Cette carte présente la même vue que la précédente (les deux ont été écrites en 1901), mais elle est erronément intitulée « l’île de Commerce », configuration des lieux qui n’existe plus depuis 1879.
Le même endroit de nos jours (en automne pour qu’on puisse voir l’évolution urbanistique à l’arrière-plan).
▲ L’étang est alimenté en eau par le trop-plein des bassins des Terrasses, grâce à un ruisseau qui forme de petites cascades dans un assemblage pittoresque de rocailles ▼
Le même endroit en 2010, lors d’une opération de nettoyage.
À la Belle Époque, le parc est extrêmement prisé par la bourgeoisie.
▲ Ces deux cartes colorisées datent du tout début du XXe siècle. Les coupoles jumelles cerclées de rouge sont celles du Trink-Hall, café de style mauresque érigé en 1880. Cliquez ICI pour accéder à un article le concernant ▼
Les statues du parc d’Avroy
De 1881 à 1883, le square d’Avroy est orné de sculptures en fonte bronzée, coulées dans la fonderie française du Val d’Osne. La plupart sont des reproductions d’œuvres antiques.
▲ Voici Persée, héros mythologique grec brandissant la tête de la Gorgone Méduse. Cette statue du sculpteur Charles Veeck rappelle celle de Cellini (XVIe siècle), l’une des plus célèbres de la piazza della Signoria de Florence ▼
Ces deux lutteurs sont la copie d’un groupe antique attribué à Céphisodote, statuaire athénien du IVe siècle avant Jésus-Christ. L’original fait la fierté de la galerie des Offices de Florence.
▲ Laocoon est ce prêtre troyen qui a péri avec ses fils, attaqués par des serpents de mer parce qu’il s’’était opposé à l’entrée du cheval en bois que les Grecs avaient laissé devant les portes de la ville après voir levé le siège. La statue originale de marbre blanc, réalisée au IIe siècle avant Jésus-Christ par trois artistes rhodiens, est exposée au musée Pio-Clementino du Vatican, à Rome ▼
▲ Selon certains, cette statue représente un gladiateur au combat ; d’autres y voient un fauconnier tendant le bras pour rappeler son rapace ▼
▲ Le faune à l’enfant. Il s’agit du satyre Silène, père adoptif et précepteur du dieu Bacchus (Dionysos), dieu du vin et de l’ivresse. C’est la réplique d’une œuvre hellénistique trouvée à Rome (collection Borghèse) et figurant au musée du Louvre depuis 1807 ▼
Plusieurs statues ont disparu, comme les deux représentées ci-dessous :
Cette statue du dieu Bacchus brandissant une coupe (œuvre de Charles Veeck) a été endommagée pendant la première guerre mondiale.
Il s’agissait ci-dessus d’une copie de la Diane de Gabies, ainsi appelée du nom de la ville du Latium d’où provenait l’œuvre originale, attribuée au sculpteur grec antique Praxitèle. Cette statue de femme drapée, qui représente la déesse de la chasse, se trouve au Louvre à Paris.
L’ASBL Homme et Ville, en 2005, a réalisé un historique du parc d’Avroy pour le compte de l’échevinat de l’Urbanisme. Cliquez ICI pour accéder à cette étude au format PDF.
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C’était le bon temps …
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Je suis très satisfait de recevoir des renseignements historiques de votre intéressant site.
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ENCORE BRAVO POUR CETTE RECHERCHE FOUILLEE .
UN HABITANT DU COIN AVROY -PIERCOT DEPUIS 30 ANS
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Habitant l’ancienne rue de la Paix (rue de Rotterdam actuellement)en 1948 et allant tous les jours rue Forgeur au conservatoire (j’avais huit ans!)je faisais à pied le parcours que vous illustrez dans votre article…C’est avec émotion que je me suis remémoré une période de dix ans de ma vie pendant laquelle je faisais ce chemin tous les jours….aussi pour aller à l’école du Jardin Botanique.Merci M.Warzée pour votre œuvre de recherche et d’enseignement.
JMBoll
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Merci et à plus.
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Très intéressant pour quelqu’un qui n’habite pas la ville
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Habitant rue Hemericourt je traversais ce parc dans preque toute sa longueur tous les jours pour aller a l’ecole Saint Paul (Devenue un parking il parait?) de 1952 a 1958.
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Jean-Marie Heyman> C’est sous la place Saint-Paul qu’il y a un parking.
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Je raconte n’importe quoi, le parking de la place Saint-Paul n’est pas sous la place.
Quoi qu’il en soit, l’école Saint Paul (rue Rouveroy, donc sans rapport avec la place ni le parking) existe toujours.
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En 1955, l’école Saint-Paul se trouvait place Saint-Paul. J’y suis allé pendant 3 ans. En suite elle a été démolie et remplacée par le parking en question. Depuis, j’ai quité la Belgique en 1981 et je crois que bien des choses on changé depuis.
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J’ai quitté Liège en 54 pour immigrer au Canada. De 37 à 54 j’ai habité pas loin, rue de Serbie. Alors Dieu sait que je connais ce coin de la ville que je revois avec un brin de nostalgie. Pas à dire, jolie ville.
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