Il s’agit de l’église au centre de cette vue aérienne, obtenue grâce à Google Earth. Elle est située au confluent de l’Ourthe et de la Dérivation de la Meuse.
Autrefois, le réseau hydrographique était tout à fait différent. Le plan qui suit, réalisé par Christophe Maire, nous reporte en 1737. L’église de Fétinne (la flèche) se trouve en bordure d’un bras de l’Ourthe appelé le Fourchu-Fossé, peu avant que celui-ci ne se jette dans la Meuse :
Ce dessin représente le confluent du Fourchu-Fossé et de la Meuse, avec l’église telle qu’elle se présentait au XVIIIe siècle dans son environnement champêtre.
C’est au XIIIe siècle, semble-t-il, qu’un premier édifice religieux est érigé à cet endroit, consacré à saint Vincent, martyr espagnol du IVe siècle dont le culte est en vogue à cette époque.
Ce sanctuaire est fréquemment ravagé par les crues de l’Ourthe, et l’inondation de 1643 lui est fatale. Il ne sera reconstruit qu’en 1669, pour être à nouveau endommagé en 1691, par des faits de guerre cette fois, lorsque l’artillerie française du maréchal Boufflers bombarde Liège.
Il faudra attendre 1735 pour qu’une nouvelle église soit consacrée, celle qu’a déjà montrée le document des collections artistiques de l’ULg. La revoici au début du XIXe siècle sur un dessin à la plume d’Olivier Henrotte :
Le dessin ci-dessus ressemble fort à celui qui suit, daté de 1822 (et publié par Léon Béthune dans son recueil de vues rares du vieux Liège) :

L’église a échappé aux tourments révolutionnaires de la fin du XVIIIe siècle. Avec le Concordat, la paroisse a continué d’exister, mais le bâtiment est resté longtemps sans entretien.
En 1803, une nouvelle inondation a submergé les sols déjà fort affouillés. Malgré l’intervention des paroissiens qui se sont efforcés de construire une digue de fortune, les eaux ont ravagé le cimetière et provoqué l’effondrement d’une partie du chœur. Faute de moyens financiers, les dégâts n’ont été que réparés sommairement.
C’est en 1833 que l’on s’occupe sérieusement de la restauration de l’église, avec la construction d’une nouvelle tour surmontée désormais d’une plate-forme. On conserve la base de l’édifice, avec ses trois nefs, mais on lui adjoint en 1847 un nouveau chœur, une sacristie et une salle mortuaire.
À l’arrière-plan de cette carte colorisée, on voit le quai Saint-Vincent, qu’on a aménagé après 1853 sur une digue réclamée par les riverains pour les protéger des inondations. Les terres de remblai sont issues du creusement de la Dérivation de la Meuse.
Cette mesure de protection n’est guère suffisante. En 1886, est déposé un projet qui prévoit la suppression du Fourchu-Fossé et autres biefs secondaires. Les autorités concernées (État, province, communes) tergiversent longtemps à propos de leurs contributions financières, mais en 1897, la plaine des Vennes est choisie comme site d’une future exposition universelle et internationale (prévue pour 1903 et qui aura finalement lieu en 1905). La décision est prise, et le chantier commence en 1902. Un autre article est entièrement consacré à ce sujet.
L’église de Fétinne pendant le chantier de rectification du cours de l’Ourthe, préparatoirement à l’Exposition universelle et internationale de 1905.
En construction sur la vue précédente, voici le pont de Fétinne qui mène à l’entrée des halls de l’Exposition de 1905. L’église Saint-Vincent fait partie du décor.
Carte postale de 1909.
L’église après l’Exposition de 1905, avec le nouveau cours de l’Ourthe.
Vue aérienne du site Vennes-Fétinne après l’Exposition de 1905.
En 1928, un concours est organisé en vue de remplacer l’ancienne église paroissiale Saint-Vincent par un édifice plus spacieux et prestigieux, en vue de l’Exposition internationale de 1930. Il est remporté par l’architecte liégeois Robert Toussaint, qui propose une structure en béton surmontée d’un dôme imposant.
Les quatre photos qui suivent, prises pendant la construction de la nouvelle église en 1929-1930, proviennent du fonds d’archives Robert Toussaint du GAR :




Les deux églises en 1930. L’ancienne sera démolie en 1931.
Dessin publié à l’occasion de l’Exposition internationale de 1930.
L’édifice tout neuf.
Carte colorisée de la fin des années 1930. Le dôme de béton est au départ recouvert d’une peinture vert-de-gris. Le monument en l’honneur de Zénobe Gramme a déjà fait l’objet d’un autre article.
Le pont de Fragnée volontairement détruit en 1940.
Lors de la libération de Liège en septembre 1944.
Pendant la reconstruction du pont de Fragnée (1946-1948).
L’église et le pont de Fétinne n 1954.
Remarquez, sur les trois photos précédentes, que la peinture d’origine du dôme est fortement dégradée. En 1966, les coupoles seront recouvertes de seize tonnes de feuilles de cuivre.
Les deux vues aériennes qui suivent ont été prises par André Drèze à la fin des années 1970 :



Photo nocturne prise par François PIETTE en janvier 2023.
Visitez le dôme de l’église Saint-Vincent : https://photosdeliege.wordpress.com/2007/07/03/a-linterieur-du-dome-de-leglise-saint-vincent-et-vues-aeriennes-des-alentours/
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super reportage
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